La plaine du Var est de moins en moins agricole et de plus en plus urbanisée. Une mauvaise nouvelle pour la souveraineté agricole et alimentaire. Certains acteurs luttent pour préserver l’agriculture sur cette terre des Alpes-Maritimes très prisée des bâtisseurs.
La plaine du Var n’est plus ce qu’elle était. Cette plaine, située à l’ouest de Nice, était auparavant composée d’une terre riche, traversée par un fleuve parfois capricieux, mais toujours généreux. Ces dernières années, elle laisse derrière elle des taches vertes de plus en plus éparses, là où l’eau coule encore.
Lundi 12 décembre, le préfet organisera un comité de pilotage qui doit réunir agriculteurs, collectivités et services de l’État pour parler de la préservation des terrains agricoles dans la plaine du Var.
Dans les années 1970, le département des Alpes-Maritimes pouvait nourrir 70% de sa population. En 2006, ce taux était tombé à 25%. Aujourd’hui, l’autonomie alimentaire du département est de 1%.
Pour quelles raisons ? Premièrement, la population a fortement augmenté. On est passé de près de 750 000 habitants en 1968 à 1 111 000 habitants en 2023 d’après l’Insee.
Antoine Cassar, maraîcher, constate de son côté que les exploitations agricoles sont aussi bien moins nombreuses que lorsqu’il s’est installé dans les années 1990. « Depuis 1994, j’ai dû déménager trois ou quatre fois parce que les terrains sont partis dans autre chose que l’agriculture », explique-t-il.
Lorsque ce n’est pas un propriétaire qui met fin à son bail, c’est une route qui le déloge. C’est ainsi qu’en 2005, il s’est retrouvé avec un mur antibruit en plein milieu de son exploitation. « Les élus politiques m’avaient dit « ne t’en fais pas, ce n’est pas demain que cette route sera faite » », se remémore-t-il.
Finalement, il a dû décaler son propre terrain pour laisser place à la route métropolitaine « 202 bis ».
Comment concilier aménagement foncier et agriculture ?
Le nouveau préfet des Alpes-Maritimes pense y parvenir en remettant en culture les terres agricoles incultes ou sous-exploitées et en créant une Zone Agricole Protégée (ZAP). Avec cette appellation, la vocation agricole de la zone serait protégée durablement et ne serait plus soumise à la pression de l’aménagement urbain.
En clair, il s’agit de préserver ce qui est déjà exploité et remettre en culture ce qui ne l’est pas ou plus. La chambre d’agriculture est évidemment pour. Elle attend aussi des sanctions contre ceux qui transforment des terrains agricoles en lieux de stockage ou en garage. Ces détournements d’usage sont lourds de conséquences.
Jean-Philippe Frère, vice-président de la Chambre d’Agriculture des Alpes-Maritimes s’exprime à ce propos : « Il y a des personnes qui ne peuvent pas acquérir de foncier à cause des prix qui ont flambé, à cause des détournements d’usage. Il y a presque 60 hectares détournés sur la plaine du Var. Des producteurs de la plaine du Var ont dû acheter dans la plaine de l’Argens à cause de ça. Cela montre quand même un problème de fond. »
Côté Métropole de Nice Côte d’Azur, on poursuit la politique d’aménagement, tout en affirmant défendre l’agriculture. En 2020, 18 millions d’euros ont été votés pour acquérir des terres et y installer des agriculteurs.
Nous, on a mis de l’argent mais après il faut voir comment on fait ces acquisitions, comment on les remet à quels agriculteurs… Il faut faire attention à ce qu’on fait.
Antoine Véran, vice-président de la Métropole Nice Côte d’Azur
Parmi les nouveaux arrivants, on compte Jean-Luc Spinelli, ce maraîcher originaire de Castagniers, installé en bio, il y a 3 ans, dans la plaine du Var.
Son projet s’est concrétisé grâce à l’aide d’une Safer (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural).
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Elle a acheté le terrain avant de le rétrocéder à l’agriculteur. L’organisme a déjà ainsi sauvé une quinzaine d’hectares dans la plaine du Var. Il en reste 270 aujourd’hui en friche, à remettre en culture.
« Je pense que c’est très important pour la souveraineté alimentaire mais aussi parce que sous la plaine du Var, il y a les nappes phréatiques qui alimentent en eau l’ensemble de la population », indique Thomas Barralis, directeur de la Safer 06.
C’est important de garder ces terrains agricoles parce que ces sols permettent aussi d’aborsber l’eau, de limiter les inondations. C’est tout un cercle vertueux.
Thomas Barralis, directeur de la Safer 06
Et il y a urgence. Dans cette plaine, souvent qualifiée de terre la plus fertile du département, il ne reste plus que 250 agriculteurs.
Ce chiffre a réduit de plus de moitié en 30 ans.
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