Le testament d’Odil de Morlhon, certainement longuement mûri dans la méditation et la réflexion, prend tout son sens lors de sa visite du Saint Sépulcre, à Jérusalem. Odil et Cécile et la petite troupe de leurs compagnons de route sont parvenus au terme de leur pèlerinage alors que tant de pèlerins ont laissé la vie sur cet itinéraire périlleux. Odil a sans doute vu dans ce succès la preuve que Dieu bénissait son entreprise.
Le patriarche Sophrone
Le rédacteur du testament possède tout autant la rhétorique du chrétien convaincu que celle du juriste compétent et une bonne pratique de la langue latine. C’est un clerc assurément et non Odil lui-même qui l’a rédigé mais c’est un interprète fidèle.
Pour négocier le salut de son âme et « de celle de Cécile, son épouse, de son père Rodolphe (ou Raoul) de son aïeul Odil, d’Élisabeth, de Jeanne et du Comte Hugues (de Rodez) et de sa mère Richarde », Odil ne peut léguer directement à Dieu les terres dont il est possesseur !
Il doit passer par des intermédiaires. C’est à Jérusalem, en cette basilique sacrée entre toutes, que se trouve le bon intercesseur entre Dieu et les hommes, le patriarche Sophronius.
Cet évêque de Jérusalem porte le nom grec, latinisé dans le document, de son prédécesseur du VIIe siècle, qu’on dit mort de douleur, à Jérusalem en 638, lorsque, poussés par les Juifs, les Musulmans ont abattu la croix dressée sur le mont des Oliviers.
Les pèlerins Allemands qui ont rencontré Sophrone, lors de leur dramatique pèlerinage, quelques années plus tard, en 1064, parlent à son sujet de « viro… honestissimo et sanctissimo », de « l’homme le plus honnête et le plus saint ».
Sophrone sera le garant du testament d’Odil et c’est lui qui nommera l’abbé du futur monastère du Saint Sépulcre du Causse qui enverra chaque année un besant d’or byzantin à Jérusalem.
Des terres et des bois pour le monastère du Causse
Un monastère sur la paroisse de Mauriac, en plein Causse ? Oui, au milieu des chênes pubescents et des pelouses sèches, sur un territoire facile à défricher et où on peut cultiver le froment et faire paître des troupeaux. Parce que les moines ont beau être des hommes de Dieu, il faut qu’ils mangent. Pour donner à la future communauté les moyens de subsister et de remplir sa mission, Odil lui lègue la moitié du domaine de l’église de Saint-Remy et de l’église de Marmont… sa part de celle de Saint-André des Fenestres… les manses (fermes) de Fonte, dans le domaine de Frontenac, de Fraysse sur le domaine d’Andissac, de Genêt, sur celui de Galgan, celle de la petite Combe et, sur Mauriac, Crayssac et Tinobre, et les terres et les bois d’Alfone et de l’alleu de Valazires (que nous ne savons pas situer).
On note que ces terres de Ségala et du Causse, pas trop éloignées, jouent la complémentarité Causse Ségala, blé/ seigle, pour assurer la pérennité de l’abbaye. Enfin, Odil abandonne la dîme au nouveau monastère du Saint Sépulcre. Cette clause met fin à l’abus qui constituait le péché familial.
À la fin du testament, Sophrone promet la bénédiction à ceux qui soutiendront ce Saint Sépulcre du Causse et le châtiment divin pour ceux qui lui nuiraient.
Les choses ne vont pas se passer comme Odil l’avait envisagé. L’avenir n’appartient à personne. Mais son testament porte en germe la longue histoire de Villeneuve.
Thérèse Albert-Rébé
La semaine prochaine : « Locus qui vocatur Villanova », un lieu qui s’appelle Villeneuve
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