Sud-ouest Chantier de l’A69 : les « usines à bitume » inquiètent et mobilisent

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Plusieurs centaines de manifestants (1.500 selon les collectifs organisateurs, 400 selon la préfecture) ont défilé samedi dans le Tarn pour s’opposer à l’autoroute A69 et le « poison » de ses « usines à bitume » qui doivent s’installer sur place pour produire le revêtement de ce projet contesté.

500 000 tonnes de revêtement

« Pour eux le pognon du péage, pour nous le poison du bitume ! ». La pancarte navigue entre manifestants alors qu’une partie du cortège d’opposants est en train de descendre à Puylaurens (Tarn) sur le chantier de l’une de ces deux « centrales d’enrobé bitumineux à chaud » qui vont produire à partir de fin 2024 et pour quelques mois les quelque 500 000 tonnes de revêtement de l’A69.

L’homme avec sa pancarte se tient sur un talus et observe le site en contrebas: quelques dizaines de manifestants portant combinaisons blanches et masques ont escaladé les collines noires aux allures de petits terrils, composées de « fraisat » (matériau issu du recyclage de routes) qui va être utilisé par la future usine pour fabriquer la surface de l’A69.

« Bonjour la pollution ! »

Quelques militants, juchés au sommet, tiennent des pancartes avec le nom de substances chimiques (oxyde d’azote, hydrocarbures, benzopyrène, oxyde de soufre…) qui sont, selon eux, émises par les centrales lors de l’utilisation.

Derrière eux, une épaisse fumée noire monte dans le ciel blanc plombé de novembre: un préfabriqué a été incendié par certains, ce qui ne plait pas forcément à d’autres: « Bonjour la pollution! », dit l’un des manifestants, resté sur le talus à observer les combinaisons blanches en mouvement.

Quelques minutes auparavant, le cortège mêlant habitants des environs, parents et élèves des écoles locales ainsi que militants d’associations et collectifs écologistes, suivait encore son parcours prévu.

« Des ploucs »

Il était parti du tout petit village de Saint-Germain-des-Près (Tarn), le plus proche de la future centrale de Puylaurens. Là, entre l’école, l’église et sa statue crème et bleu ciel de la Vierge Marie, les manifestants s’étaient réunis en début d’après-midi, au son de la fanfare et scandant le slogan « no macadam ».

« Ils nous prennent pour des imbéciles, pour des ploucs, en nous disant que ce qui va sortir de l’usine, c’est de la vapeur d’eau. Ils se sont dit « on est à la campagne, avec des paysans », ils nous ont pris de haut et là ils sont un peu étonnés », affirme Sabine, 68 ans, retraitée du bâtiment et habitante de Villeneuve-lès-Lavaur (Tarn) où doit être installée la deuxième centrale.

En parlant elle tient haut le panneau en carton qu’elle a griffonné d’un message au marqueur noir: « Nous coulerons votre suffisance dans votre béton ».

« Une odeur atroce »

Lucas Clouzeau, cofondateur du collectif local « Lauragais sans bitume » qui appelait avec d’autres à la manifestation, regarde avec le sourire la foule réunie et rappelle que l’initiative s’inscrit dans la mobilisation du week-end des Soulèvements de la Terre.

« Ce sont des journées nationales contre la bétonisation et le bitumage en France, clairement, nous on est dedans, clairement l’A69 mène à une bétonisation du paysage, avec ces deux usines qu’il va y avoir sur le tracé de l’autoroute ».

Selon la députée LFI Anne Stambach-Terrenoir, présente samedi et qui a soutenu la mobilisation de riverains contre une autre centrale proche de sa circonscription en Haute-Garonne, ce type d’installations produit des « nuisances terribles ». « Ça vous prend à la gorge, c’est une odeur atroce », a-t-elle dit.

Inquiétude « disproportionnée »

Des éléments contestés par NGE, l’entreprise en charge du chantier dont le chef des travaux, Hans Stoufs, qualifiait cette semaine l’inquiétude locale de « complètement disproportionnée ».

Pour les habitants des environs qui affirment n’avoir appris que très récemment la construction des « usines à bitume », elles viennent en tout cas s’ajouter à l’exaspération suscitée par l’A69, un tronçon de 53 km jugé par certains totalement inutile.

« C’est la goutte d’eau », confie sur le parcours de la manifestation, Marlène Lafon, commerciale habitant Saint-Germain-des-Près. « Déjà l’autoroute on n’était pas pour mais là de découvrir au mois de septembre qu’on va avoir ça juste à côté de chez nous, c’est un peu raide en fait ».

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