Situé en plein cœur du Vieux Lyon, ce quai de Saône va bientôt retrouver sa nature sauvage

En plein cœur du Vieux Lyon, un quai de Saône va devenir un lieu de biodiversité, avec la plantation d’arbustes et de plantes aquatiques pour attirer insectes et poissons du cru. C’est l’idée de l’association « Des espèces parmi Lyon » pour lutter contre le réchauffement climatique et réintroduire la nature dans la ville.

Il fait chaud et lourd sur le quai Pierre Scize en bord de Saône, en face du lieu de création artistique les Subsistances. Et on imagine sans peine, sous le joug du reflet minéral, ce que ce pourrait être d’avoir ici de l’ombre et de la fraicheur.

Ce sera sans doute chose faite dans quelques mois. Le chantier sur lequel travaillent naturalistes et plongeurs avec le soutien de Voies Navigables de France, commence à prendre forme.

Il a fallu d’abord faire sauter le béton du quai – dont une partie est encore occupée par des voitures – et creuser, creuser, casser à la main la pierraille encore présente, ramasser des galets… Un travail de forçat. 

Mais l’effort en vaut la chandelle : dans quelques mois et années, on verra ici un « retour » de la nature.

“Il faut avoir un peu d’imagination pour l’instant”, raconte Victorine de Lachaise, co-directrice de l’association Des espèces parmi Lyon. “Il faut imaginer différents arbres en bordure des berges. Des arbustes assez denses pour la reproduction des oiseaux. La création d’une dizaine de mares pour les coléoptères aquatiques et les amphibiens, donc des gros prédateurs du moustique. La création de zones de prairies humides pour la reproduction des papillons et des libellules. Donc ça va être vraiment un îlot de verdure et de fraicheur pour la biodiversité et les habitants. » 

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Le quai Pierre Scize sur les bord de Saône en plein zone patrimoniale du Vieux Lyon est pleine transformation. On y trouvera bientôt des arbres, une zone humide et des petites mares. Une oasis de biodiversité pour les insectes, les oiseaux et certaines espèces de poissons. Une manière de lutter contre le réchauffement climatique.
reportage de Myriam Figureau, Julie Petitfrère et François Rudolf • ©France 3 Rhône-Alpes

Au moment de notre passage il y a quelques jours, les bénévoles de l’association étaient en train de fabriquer puis d’installer des gabions, sortes de casiers construits à partir de fils d’acier, lestés par des galets et amarrés à des pieux. Et pour cela il a fallu toute la logistique des scaphandriers d’Odysséus 3.1, une association spécialisée dans la préservation des milieux naturels.

« On a bondi de joie quand on nous a proposé ce travail », s’enthousiasme Lionel Rard. « C’est vrai que comme on partage les mêmes valeurs de préservation des milieux aquatiques, pour nous c’était évident qu’on devait apporter notre savoir-faire au service de cette cause. Notre travail a consisté à poser ces gabions sur le substrat de la Saône, à aligner ces cages, à les resserrer entre elles, de manière à former un linéaire subaquatique. En dessous en ce moment c’est très trouble parce qu’on bouge énormément, on brasse, on lève de la touille. Mais ce qu’on espère c’est qu’à l’avenir ça redevienne, des lieux d’abris, des nurseries. Et qu’on puisse revenir avec des caméras plus tard pour observer ce qui a pu se développer ici. »

Une fois ces gabions posés, il a fallu les remplir de terre avec l’aide d’un engin de travaux posé sur une péniche de Voies Navigables de France, partenaire de l’opération. En attendant, sans trop tarder, les plantations.

« Là on est en train de mettre de la terre végétale pour planter à peu près 1000 végétaux, » explique en spécialiste Quentin Brunel, co-fondateur de Les espèces parmi Lyon. Ces plantes ne poussent que les pieds dans l’eau, cela s’appelle des hélophytes. Comme l’iris, comme la salicaire, le saule, l’aulne, plein de plantes typiques des marais qui vont s’implanter. Et c’est ca ce qui manque à Lyon : souvent les quais sont surélevés, bétonnés. Ca ne permet pas à ces plantes exigeantes et sensibles de s’implanter. » 

Une bande végétalisée qui va permettre à la faune du milieu aquatique de coloniser le milieu terrestre et qui pourra atteindre quatre mètres de hauteur à certains endroits.

Voilà trois ans que l’association et ses bénévoles travaillent sur ce projet ambitieux en plein coeur du Vieux Lyon sur un patrimoine classé et très visible. Ils avaient déjà mis en place un « gabiodiv » sur les quais du Rhône juste avant le confinement de 2020. Cette fois le projet est d’une tout autre envergure.

Il y a eu un gros travail pour adapter notre vision de l’environnement et des services écosystémiques aux besoins des habitants, les usages et l’aspect historique du lieu.

Victorine de Lachaise

association « Des Espèces parmi Lyon »

« Les végétaux locaux qui seront plantés, sont adaptés au milieu. Et il a fallu réfléchir aussi à une diversification des strates végétales pour faire face aux crues, à tout ce qui va pouvoir se passer sur ce quai. Ce qui va permettre à une multitude d’espèces de pouvoir revenir sur ce lieu », précise Victorine de Lachaise.

Il y aura aussi le travail de restauration d’une calade, ces chemins typiquement lyonnais en galets “tête de chat”. Un vrai petit paradis si toutefois on est un peu patient.

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