Maxime Besnard a 37 ans. C’est un néo-rural
, comme on dit. Autrement dit, un petit gars de Nouvoitou (une commune de Rennes Métropole, Ille-et-Vilaine) qui, un beau jour, a décidé de tout plaquer, pour se lancer, avec Marina, sa femme, dans l’agriculture. Un choix mûrement réfléchi. C’est vrai que ça en a étonné plus d’un ! C’est un métier exigeant. Mais nous souhaitions nous engager dans un projet qui a du sens, explique l’intéressé. Soit travailler la terre, au grand air. Et en famille !
En 2015, le projet se concrétise. Maxime et Marina reprennent une exploitation. Puis deux, toujours en conventionnel. Ils font dans la volaille, les vaches laitières, le blé et le maïs. Les saisons avancent. La réflexion aussi. Et le projet prend alors une nouvelle direction… « C’est la double peine ! »
Maxime a toujours été d’une nature curieuse. Saison après saison, il apprend, s’investit, participe à des formations sous l’égide du Centre d’Études techniques agricoles, échange avec d’autres agriculteurs. Rapidement, une conviction s’impose à lui : il est urgent de changer de modèle. Pas besoin d’avoir fait l’ENA pour se rendre compte qu’on va dans le mur. Bien travailler et ne pas pouvoir se rémunérer correctement : c’est la double peine !
Maxime Besnard a décidé de tout plaquer pour se lancer dans l’agriculture. © Christian Veyre.
Maxime prend le taureau par les cornes. Commence par supprimer les rotations blé/maïs. Passe en bio ses cultures végétales. Et découvre la démarche filière
initiée par Eau du Bassin rennais (75 communes, 450 000 habitants), le service public qui gère l’eau potable sur l’ensemble du bassin Rennais. L’adhésion est immédiate. Le principe est relativement simple, résume l’intéressé. L’agriculteur s’engage à respecter un cahier des charges strictes. Plus d’anti-limaces, interdiction de certains pesticides, interdiction des antibiotiques en préventif, démarche de progrès pour une agriculture plus durable… Et en contrepartie, les collectivités locales s’engagent à nous soutenir dans le cadre de leur appel d’offres. L’avantage ? Les volumes et les prix sont garantis. On sait exactement où on va, d’une année sur l’autre ! C’est du donnant-donnant.
Et de préciser. Le système est malade. On vit mieux quand on fait du conventionnel. Mais moi, je n’ai pas peur, comme certains, de manger les produits qui viennent de mon exploitation.
Et au milieu coule la Seiche
Sarrasin, blé légumes bio, porc sur paille… En tout, il existe, aujourd’hui, une dizaine de filières (végétales et animales) labellisés Terres de Sources. Notre objectif, rappelle Luc Foucault, chargé de développement du label, c’est d’arriver à regrouper 750 agriculteurs du territoire à l’horizon 2028 (soit 25 %).
Et d’ajouter : La dynamique est bonne. Nous n’en sommes qu’au début. Ce n’est pas une course aux chiffres. Cependant, nous avons une obligation de moyens et de résultats.
Autrement dit : faire peu, mais le faire bien et améliorer rapidement la qualité de l’eau.
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Un constat partagé par Yannick Nadesan, président d’Eau du Bassin rennais. On ne cherche pas à être une vitrine. Nous sommes confrontés à trois impératifs : l’avenir de notre agriculture, la santé publique et la transition environnementale. Terres de Sources est une clé de réponse. Sans doute pas la seule… On a aussi pour ambition d’échanger et d’apprendre des autres !
Yannick Nadesan est le président d’Eau du Bassin rennais. © Arnaud Loubry.
Retour à Saint-Armel. Autour d’un café bien mérité. Dehors, il pleut. Maxime sait qu’il est au milieu du gué. Il n’y a pas de plan B pour les agriculteurs. On sait qu’on y arrivera uniquement si consommateurs et collectivités suivent.
Le ton est résolument optimiste. Là, ce que vous voyez c’est un tracker photovoltaïque. Mais le vrai sujet, c’est ce qu’on va mettre, demain, dans les tracteurs pour les faire avancer… La méthanisation, c’est l’avenir !
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Les yaourts que mangent mes enfants viennent de Toulouse
Le cahier des charges du label Terres de Sources est relativement strict. Les agriculteurs s’engagent à respecter un certain nombre de critères. Comme de ne pas utiliser certaines molécules de pesticides, de ne pas introduire d’OGM ou d’huile de palme dans l’alimentation de leurs animaux, de ne pas recourir aux antibiotiques en préventif et même, de ne pas cultiver les légumes en contre-saison…
L’accompagnement, lui, se fait sur trois niveaux : l’amélioration des pratiques, l’appel d’offres public et la création de nouveaux débouchés, en restauration collective mais aussi en grande surface, grâce à une logique de filières. Nous réalisons des contrôles, chaque année, dans les exploitations, explique Luc Foucault. Notamment en matière de suivi des IFT (Indicateurs de fréquence des traitements phytosanitaires), ou de réduction des engrais chimiques. On est dans une démarche d’amélioration continue à six ans.
Mais attention. Si un producteur ou un transformateur ne joue pas le jeu, on lui retirera le label. Et on ne pourra plus travailler avec lui.
Les agriculteurs, qui s’inscrivent ainsi dans les marchés publics de protection de l’eau
, peuvent escompter jusqu’à 3 000 € par an de subvention par Eau du Bassin rennais, et surtout vendre leur production aux cantines scolaires.
De son côté, le sarrasin cultivé par Maxime est transformé en galette dans une minoterie à Broons. Une fierté pour notre agriculteur. On en trouve dans les cantines, au supermarché, sur la table de certaines maisons de retraite. Quand vous pensez que les yaourts que mes enfants mangent à la cantine viennent de Toulouse ! Ce, alors qu’on est le premier département laitier de France !
Philosophe, Yannick Nadesan hoche la tête. Dans un monde idéal, Terres de Sources ne devrait pas exister. Ça devrait être la norme… Nous essayons juste, à notre mesure, de corriger les effets délétères d’un système économique qui marche sur la tête.
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