Dans l’essai originel, paru aux éditions Bord de l’eau (près de 5000 exemplaires vendus, donnée : Edistat), Thomas Guénolé avait opté pour une structure en trois parties.
Dans un premier temps, il démontait le mythe du « jeune-de-banlieue », qu’il qualifie de « balianophobie », une peur irrationnelle envers cette catégorie de la population. L’enjeu était d’exposer comment la société crée et perpétue des clichés sur les jeunes des quartiers populaires, les diabolisant en tant que délinquants potentiels, souvent musulmans et enclins à la radicalisation.
Ensuite, il s’efforçait de présenter une réalité plus nuancée et complexe que celle largement véhiculée dans les médias — que ce soit à travers la presse ou le cinéma. L’édition est-elle exempte de ces critiques ?
Enfin, il consacrait son étude à relater la réalité : la majorité des jeunes des banlieues ne correspond pas à ces stéréotypes. Ils sont confrontés à de nombreux défis, tels que le chômage, la pauvreté et l’échec scolaire, mais ne basculent pas nécessairement dans la criminalité ou l’extrémisme religieux.
Autre époque, autres mœurs, autre support : avec le concours de Gwenn au scénario et Jonas Ritter pour les illustrations, l’essai devient un documentaire en BD. « Bientôt dix ans après, tous les problèmes traités dans le livre, sans exception, se sont aggravés : les contrôles d’identité au faciès, les violences policières, le discours de haine anti-jeunes de banlieue dans une partie des médias, les préjugés cinématographiques, les discriminations économiques et sociales, la ségrégation territoriale et scolaire, le chômage de masse… », explique-t-il.
C’est avec l’éditeur Olivier Petit, des éditions Petit à Petit, que le projet de bande dessinée voit alors le jour.
« Au fil du travail d’adaptation, nous eûmes l’idée de transformer la matière en un roman graphique choral. Une journée dans la vraie vie des vrais jeunes de banlieue. Pas de grand héros, pas de grand méchant. Un personnage principal différent par chapitre, un grand thème différent par chapitre », poursuit Thomas Guénolé.
Alimenté et enrichi de données concrètes, de fact checking rigoureux et de déconstruction du discours haineux, cet album pose le premier constat : jeunes de banlieue n’a rien d’une expression aux pourtours géographiques. « Dans l’imaginaire collectif français, ils n’incluent ni la population jeune ayant la peau blanche, ni la population jeune des classes moyennes et supérieures, ni les territoires périphériques ruraux, ni les territoires périphériques prospères. »
Et pour cause : ce serait se voiler la face abusivement que de ne pas reconnaître avec l’auteur la véritable définition. Parler de jeunes de banlieue désigne « des jeunes adolescents ou adultes modestes, d’origine maghrébine ou subsaharienne, qui habitent des territoires urbains périphériques pauvres ».
Et de dresser un portrait robot de ces figures qui interviennent dans notre monde moderne comme une image de croquemitaine brandi pour effrayer la population.
« Arabe mal rasé de 15-35 ans vêtu d’un survêtement à capuche, il se promène avec un cocktail Molotov dans une main et une kalachnikov dans l’autre. Il fume du shit dans les cages d’escalier. Il brûle des voitures. Il gagne sa vie grâce à des trafics de toutes sortes et en fraudant les allocations sociales.
Sa sexualité consiste à violer les filles en bande dans des caves ; sa spiritualité, à écouter les prêches islamistes de l’“islam des banlieues”, dans des caves également. Il hait la France, l’ordre, le drapeau, et bien sûr, il déteste les Français (comprendre : “les Blancs”). Son rêve : partir à l’étranger se battre aux côtés d’islamistes, pour ensuite revenir en France commettre des attentats. »
– Extrait de l’Avant-propos par Thomas Guénolé
Sauf que non. Résolument, preuves à l’appui, et chiffres pour étayer : « La réalité est moins spectaculaire. Les délinquants et les comportements marginaux ne sont le fait que d’une infime minorité. Symétriquement, l’ascenseur social étant à l’arrêt depuis bien longtemps, peu de jeunes arrivent à s’en sortir. Pour les autres, tous les autres, la vie est une galère de jeune pauvre urbain qui vivote et ne sortira pas du ghetto. »
La BD suit alors un découpage sur une journée, de 7 h à 21 h, illustrant par autant de saynètes, heure par heure, les exactions, les préjugés, les propos, les comportements, les manipulations médiatiques, et j’en passe, et j’en oublie. Sauf qu’il ne faudrait pas en oublier une seule.
Chaque séquence dessinée est suivie d’une analyse méticuleuse : contrôles d’identité abusifs, délit de faciès, grand remplacement (et certainement pas celui dénoncé par Éric Zemmour, bien au contraire). Mais également la discrimination dans l’accès au travail, malgré les pseudo politiques de recrutement et de diversité, à un crédit bancaire aussi bien qu’à un logement.
Une journée complète, pour suivre la vraie vie des vrais jeunes de banlieue : « Pas de grand héros, pas de grand méchant. Un personnage principal différent par chapitre, un grand thème différent par chapitre. Des récits courts, réalistes et percutants. Des histoires et des personnages dans lesquels, pour une fois, les véritables jeunes de banlieue pourront se reconnaître et s’identifier. »
Le résultat est bluffant. Les informations consternantes. La conclusion… s’impose. Et fait imploser les idées reçues.
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