Vous nous parlez d’une statue…
D’un homme qui son jour de gloire avait eu (dit la légende) ces mots, « c’est un bon jour pour mourir », avant de lancer son armée à l’assaut du 7e de cavalerie du général Custer qui n’en reviendrait pas, ce 25 juin 1876… Et un siècle et demi presque passés après Little Big Horn, je vois dans un journal français, Society, le visage de Crazy Horse, des yeux farouches, le nez fort et busqué, qui se dessine sur une montagne du Dakota haute de 172 mètres, qui un jour toute entière sculptée sera la statue à cheval du chef Lakota, dont le doigt pointera l’ennemi, l’envahisseur blanc…
Oui un jour ce sera la plus grande statue du Monde et la réponse des Indiens aux bustes de Washington Lincoln, Roosevelt et Jefferson taillés dans le mont Rushmore, pas loin de loi, dans ces terres qui furent les montagnes sacrées, les terrains de chasse des Lakotas, les Black Hills pour lesquelles se battait Crazy Horse, qui pour son peuple dépossédé est une lumière, une revanche possible… Et je lis alors l’invention de cette statue en chantier, voulue en 1948 par un chef Lakota, Henry Standing Bear, qui avait embauché un sculpteur fou d’origine polonaise, Korzack Ziolkowski, qui taillait la montagne à main nue, hissa vingt-neuf tonnes de bois, évacua dix tonnes de granit, et puis mourut, mais après lui son épouse et d’autres désormais jurent qu’un jour Crazy Horse dominera ses terres…
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Et cette histoire de dignité, d’honneur, de folie, est donc dans Society, qui raconte aussi comment dans un désert gorgé de malheur d’explosions de cadavres, entre l’Irak et la Syrie des aventuriers des rêveurs des fous piochent pour retrouver le trésor mythique de Daesh… Society qui est en kiosque depuis deux semaines et pour une semaine encore, car pour être au plus près des élections, le bimensuel a repoussé son prochain numéro à la semaine prochaine, me donnant la grâce d’un rattrapage, conjurer la vitesse de l’actualité, des journaux qui ne feraient que passer…
Sur les sites de Ouest-France et du Parisien, depuis trois jours déjà, m’attend une femme qui s’appelait Angela et qui était mendiante à Genève, mais une mendiante rayonnante qui depuis des années faisait partie de la ville du quartier où elle avait scolarisé ses filles, elle s’était battue pour cela, elle portait les courses des vieilles dames, on lui confiait la carte bleue quand on était malade… Parfois on croyait voir une trace de coups sur son visage, mais à Genève on ne savait rien de sa vie dans cette grande banlieue rurale de l’autre côté de la frontière française, le Vuache en Haute-Savoie, où elle habitait un mobil-home dans un village nommé Chenex, mobil-home sur lequel deux hommes ont tiré 22 février dernier, deux hommes jeunes, deux enfants du pays, qui la veille avaient déjà tiré sur un campement de roms, et qui cette fois ont tué Angela qui était enceinte d’un garçon, enceinte de 9 mois et qui était heureuse…
Les meurtriers ont été arrêtés le 7 juin, juste avant ls européennes, le dauphiné libéré a raconté le désarroi d’un village constatant que le mal était en lui…
Mais hier, dans cette boue du débat qu’on appelle réseaux sociaux, x twitter… La mort d’Angela est devenu sujet de polémique… Un député LFI ,Aymeric Caron s’indignant qu’on ne fasse pas grand cas médiatiquement de la mort d’une femme rom, d’autres internautes, la journaliste Anne Sinclair, la rabbine Delphine Horvileur reprochant à Caron de parler d’Angela pour ne pas parler de la petite fille juive battue et violée à Courbevoie -dans le jargon du temps, on dit « concurrence victimaire »…
Mais cette boue insane m’a rappelé que dans cette revue de presse, pour ma part, j’avais manqué à Angela…
J’ai manqué aussi, mais peut-on tout lire, à une fillette marseillaise, Synda qui était harcelée dans son école du 9e arrondissement, « tu es marron, tu es grosse, tu es moche », lui disait un garçon de CM2, qui le vendredi 7 juin, a fini par rassembler une meute qui s’est acharnée sur elle, coups de pieds dans la tête, lui sauter à pieds joints dessus, alors même qu’elle s’était évanouie, qu’elle pensait mourir… La semaine dernière le site de France 3 a raconté l’histoire de Synda que j’ai découverte moi ce matin sur le site du Figaro -ce que font des enfants à leurs contemporains… et le mot de barbarie, de monstres, se promène de Marseille à Courbevoie…
J’ai manqué également à sept personnes mortes sur la route en Eure-et-Loir mardi, quand une voiture, à son bord cinq jeunes gens, qui allaient au bowling de Chartres, a percuté la c4 de Paul et Lucette Richard, 85 ans et 80 ans— lui ancien ouvrier agricole, elle assistante maternelle, qui étaient encore valides et vivaient à à Illiers-Combray où l’on aime Proust…
Parmi les jeunes morts, un jeune homme Thibault, déjà accidenté sur cette même route en septembre, dont je lis les parents dans le parisien, qui revenait à lui, qui allait entamer un BTS en alternance, il allait intégrer une agence du Crédit mutuel, il avait le poil follet des jeunes gens. Manquer aux morts, c’est ne pas se souvenir d’eux vivants…
On parle aussi de dons…
Et des vies que l’on sauve par son corps que l’on offre, les dons d’organes donc, que la Vie raconte, dans un chant choral où vous lisez donneurs et receveurs… Eric gériatre à la retraite qui ne prenait pas soin de son foie, un médecin pourtant, et qu’une greffe a sauvé, et qui depuis ne boit plus en hommage à l’inconnu qu’il porte en lui… Christian, qui quadragénaire a donné un rein a son épouse Olga qui portait une maladie gébétique, et ne voulait pas pourtant qu’on farfouille dans son homme, mais il a insisté et ils ont gagné de belles années, de beaux voyages avant qu’elle parte, et lui octogénaire, pour eux deux se souvient… Dorothée dont le mari Antoine a été pris de spasme il ya dix ans, volé par une rupture d’anévrisme et qui a fait dons de ses reins, son foie, son pancréas, pour ne pas laisser la mort tout emporter, « un pied de nez » dit-elle, je souris.
Je souris encore à la douceur d’une vieille dame, Susan, qui vit chez nous et que le Bien public rencontre, mais qui est née anglaise et à laquelle en 1944, un jeune américain avait fabriqué un cheval de bois, un jouet qu’elle conserve encore, avant de mourir pour nous sur une plage de Normandie…
Je souris enfin à la pensée de Jean Zay homme d’Etat français grand orléanais, ministre du Front populaire que la milice assassina il y a huit décennies et dont le souvenir persiste par une table entourées de saules, comme l’arbre dont il prenait soin dans sa prison, et qui est vouée aux banquets républicains. Nous fûmes cela. Sur le site du Monde je vois l’arrière-petit-fils de Léon Blum, Antoine Malamoud, un homme de gauche, qui commente ce que l’époque fait à son arrière-grand-père. Son sourire est engageant.
On parle enfin d’une mauvaise herbe…
Qui se nomme le vulpin et dont les agriculteurs savent qu’elle est résistante, mais à ce point là, on l’ignorait, car on la retrouve cette herbe à la une de l’Est républicain, en triomphatrice… Elle résiste au glyphosate -ce désherbant controversé qu’on pensait être l’éradicateur absolu. Et non.
C’est arrivé en Haute-Saône où sur des parcelles pourtant traitées, le vulpin persistait, l’été 2022, des agriculteurs ont alerté la chambre professionnelle qui a alerté l’INRAE qui a étudié ce vulpin opiniâtre et a constaté qu’il s’était adapté…
Le vulpin étudié empêche l’herbicide d’arriver jusqu’à sa cible, il l’intercepte et le neutralise par son métabolisme, c’est une sélection naturelle dit le chercheur Christophe Délye, que l’on sent admiratif, face à ce pouvoir de la nature et ce rappel qu’aucune chimie n’est éternelle face à elle… Et qui nous dit que si c’est arrivé en Haute-Saône, cela existe ailleurs, et il va falloir penser dehors de la chimie…
J’ai vu sur internet que la presse professionnelle agricole, celle qui est ancrée dans la terre, le Jura agricole par exemple, avait relayé la découverte du vulpin résistant dès l’automne… Maintenant, nous rattrapons.
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