Avec « Basses terres », l’auteure Estelle-Sarah Bulle poursuit son aventure d’autofiction. On y retrouve la même verve que pour « Là où les chiens aboient par la queue », mêlant les mots créoles à une plume volubile et poétique. Pour raconter l’histoire de deux familles, elle situe son roman à l’été 1976, alors que la Soufrière gronde et menace les habitants de Basse-Terre, les obligeant à se réfugier à Grande-Terre.
Sur Basse-Terre, voici Eucate, une femme âgée, courageuse et rebelle qui refuse de quitter son seul bien, sa case, ses racines… Elle n’a pas eu une vie facile, engrossée à deux reprises par son employeur blanc. Elle élève seule sa petite-fille, une ado rebelle qui voudrait rencontrer son père. Un personnage peu reluisant qui ne l’a pas reconnue…
De l’autre côté, sur Grande-Terre, voici Daniel qui, avec sa femme – une métropolitaine – et ses deux enfants métisses, retrouve, 17 ans après son départ pour Paris son île qu’il ne sait « plus comment aimer ». Pour les accueillir, son père Elias, le patriarche, aîné d’une fratrie de 14, et sa sœur, la sculpturale Berthe aux six amants…
La menace de l’éruption fait se croiser ces deux grandes familles, libère des fantômes, révèle des secrets. Liens familiaux, choix pour l’avenir, résilience, poids du passé, ce roman choral est plein de vie, d’amour, de sensualité, de rage aussi. Bouillonnant, vibrant, attachant, à l’image de la Guadeloupe !
« Basses terres » d’Estelle-Sarah Bulle, Liana-Levi, 20 €.
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