Au pays de Dol, ils préfèrent investir dans la terre plutôt que dans la pierre
Ils sont quatre jeunes paysans à vouloir s’installer dans le pays de Dol-de-Bretagne sur deux fermes différentes. Il y a Camille qui va rejoindra Lauriane et Marine, à Baguer-Morvan, pour y accroître l’élevage de vaches laitières et la transformation du lait en fromages, en agriculture biologique, avec des races anciennes, le tout en vente directe. Et puis, il y a Thibaut, Delphine et Thomas qui sont en train de s’installer ensemble pour faire du pain, de la bière et de la viande bovine, à Sains (40 km de Saint-Malo), à la ferme du bourg.
Préserver l’activité agricole
« À cause de la pression immobilière, désormais, dans beaucoup de petites communes, les terres agricoles sont préemptées par la mairie pour y faire bâtir des lotissements. Ici, à Sains, au n° 9 Le Gifar, en plein bourg, à deux pas de l’église et de l’école, les 7 hectares de l’ancienne exploitation laitière, en activité jusqu’en 2020, ont bien failli être achetés par des privés pour un projet de gîte mais la Safer, favorable au maintien d’une activité agricole par trois paysans différents, a préempté les terres, en friche, depuis trois ans, pour nous les louer » explique Thibaut Sodoir. L’ancien maraîcher, originaire de la Mayenne (53), fils d’éleveur, a ainsi pu y baser sa nouvelle activité de paysan boulanger.
« J’ai créé mon entreprise individuelle, Les Pains Sains » le 1er octobre dernier. Pour l’instant, on me prête un fournil à Bazouges. Je vends mon pain sur les marchés où je le propose au café épicerie solidaire de Sains ou encore dans une Amap à Saint-Malo. Mais, d’ici à cet été, je vais installer ici sur l’exploitation un conteneur dans lequel je vais pouvoir aménager mon propre fournil en attendant de pouvoir rénover celui de l’exploitation. J’ai déjà semé mon blé ancien sur près d’1,5 hectares. »
Pour le paysan boulanger, Thibaut Sodoir, « une activité agricole raisonnée permet de maintenir une activité économique tout en prenant soin de la biodiversité. » (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)
En parallèle, depuis déjà un an, sur l’exploitation à Sains, David et Delphine, eux, élèvent des vaches allaitantes d’une ancienne race bretonne, « l’Armoricaine ». Ils proposent aussi de l’accueil social sur une des parcelles et sont également les brasseurs de la bière Plouc. « Via Terres d’ici, on porte les valeurs d’une agriculture autonome, à taille humaine et dans le respect de la nature. Nous ne nous considérons pas comme des exploitants agricoles mais comme des paysans» précisent Thibaut et Thomas.
Entre autres valeurs portées par la SCIC Terres d’Ici, en plus donc de pérenniser les terres agricoles sur le long terme ainsi que la biodiversité, il y a la volonté de multiplier les fermes diversifiées pour garantir l’autonomie alimentaire du territoire, de faciliter l’accès aux terres agricoles pour les personnes hors cadre familial et d’éviter l’endettement des jeunes installés.
À la recherche de nouveaux « sociéterres »
Pour que les projets de Camille, Delphine, Thomas et Thibaut avancent, « Terres d’Ici » cherchent de nouveaux « sociéterres », des personnes désireuses de placer de l’argent pour les accompagner. « L’objectif est de récolter environ 400 000 euros pour l’achat des terres et des bâtiments. 75 « sociéterres » ont déjà épargné pour devenir acteur de leur
alimentation, soit une épargne solidaire qui a déjà permis l’achat de 13,5 hectares en
mars dernier. 17 autres hectares et un corps de ferme sont encore à acheter, un appel
à souscriptions est donc lancé. « D’ici à la fin du mois de mai, 38 000 euros vont être nécessaires pour pouvoir acheter cinq nouveaux hectares sur l’exploitation de Baguer Morvan » précise Thibaut.
L’accompagnement financier de plusieurs dizaines de « sociéterres » a déjà permis à Thomas, Delphine (absente sur la photo) et à Thibaut de racheter 10 hectares de terres à Sains pour y développer leurs activités agricoles respectives. (Le Télégramme/Sylvie Vennegues)
« On recherche non pas des investisseurs mais bel et bien des personnes qui souhaitent accompagner nos projets. La mise minimale est de 200 euros récupérables à partir de cinq ans. Pendant ce laps de temps, le « sociéterre » suit l’évolution du projet, participe au bureau, baptisé Terreau, aux assemblées générales aussi. »
« C’est grâce aux premiers « sociéterres » de Terres d’Ici qu’ici, à Sains, nous avons déjà racheté dix hectares à la Safer » précise Thibaut. « Nous sommes en cours de demande d’un agrément Entreprise Solidaire d’Utilité Sociale pour leur permette de bénéficier d’une réduction de 25 % d’impôts. »
Une réunion publique pour présenter le projet et les conditions de participation est organisée à Saint-Malo demain, vendredi 26 avril, à 18 h 30 à l’institut du design, rue Théodore Monot.
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