A Gaza, des terres fertiles ravagées par la guerre

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Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a affirmé qu’elle « n’endommage pas intentionnellement les terres agricoles » et que le Hamas « opère souvent à partir des vergers, des champs et des terres agricoles ».

Dans la bande de Gaza, où la guerre fait rage depuis l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien, 57% des terres agricoles ont été endommagées, selon une évaluation publiée en juin par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le centre satellitaire de l’ONU, Unosat.

Les dégâts sont généralement dus au passage « des véhicules lourds, des bombardements (…) qui pourraient aussi se traduire par des incendies », a déclaré à l’AFP un analyste de l’Unosat, Lars Bromley.

Les destructions menacent la souveraineté alimentaire de la bande de Gaza, alerte Matieu Henry, conseiller technique à la FAO, précisant que 30% de la consommation des biens alimentaires du territoire palestinien provenaient de ses terres agricoles.

En 2022, les agriculteurs gazaouis ont exporté pour plus de 44,6 millions de dollars de produits, principalement vers la Cisjordanie occupée puis Israël, les fraises et les tomates représentant 60% du marché, selon les données de la FAO.

– « Ni travail, ni revenu » –

Ce chiffre est tombé à zéro avec la guerre qui a éclaté le 7 octobre, après l’attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Israël a imposé un siège strict sur Gaza, où la campagne de représailles militaires a fait 38.098 morts, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza.

Le nord de la bande de Gaza a subi le plus gros des destructions, avec 68% des terres agricoles endommagées, mais le sud n’est pas en reste depuis que l’armée israélienne y a lancé une offensive terrestre début mai, d’après l’évaluation onusienne.

Près de Rafah, Ibrahim Dheir, agriculteur de 34 ans, est accablé. Il a perdu la récolte des 20 dounams (deux hectares) de terre qu’il louait, ainsi que son matériel agricole.

« Dès que les bouteurs et chars israéliens sont entrés dans la zone, ils ont commencé à détruire les terres cultivées: agrumes, goyaves, épinards, molokhia (corète potagère), aubergines, courges, citrouilles et les semis de tournesol », énumère l’agriculteur.

« Des serres contenant des tomates, des concombres, des melons et des poivrons ont également été détruites », se désole-t-il. « Auparavant, nous dépendions de l’agriculture pour notre subsistance journalière, mais maintenant nous n’avons ni travail, ni revenu ».

Abou Mahmoud Za’arab se retrouve lui aussi « sans ressources ». L’agriculteur de 60 ans possède 15 dounams de terres.

« L’armée a traversé les terres, détruisant complètement les arbres et les cultures », a-t-il dénoncé à l’AFP. « Ils ont bombardé la terre, la rendant incultivable ».

Et les dommages causés par l’artillerie sur les terres agricoles vont perdurer, prévient Lars Bromley de l’Unosat.

« Extraire les munitions non explosées est une tâche énorme. Il faut littéralement sonder chaque centimètre du sol avant de permettre aux agriculteurs d’y revenir », indique l’analyste.

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