Les femmes maires se comptent sur les doigts de la main sur le territoire du Pays de Sablé-sur-Sarthe. Martine Crnokovic, maire de Louailles depuis 1989, a été l’une des premières. A 69 ans, élue depuis six mandats avec des scores soviétiques, elle envisage de ne pas se représenter. Une décision qui n’est toutefois pas totalement arrêtée.
De la Haute-Saône à la Sarthe
Martine Crnkovic fait partie de ces élus que l’on ne présente plus. Qui, pourtant, connait son parcours et la diversité de son engagement pour le territoire ?
Il serait facile d’imaginer en Martine Crnkovic une Sarthoise pur jus. Pas du tout. Née un 15 août à Besançon dans le Doubs. Ses parents tenaient un hôtel-restaurant dans un petit village de Haute-Saône, elle y a grandi.
En 1977, elle foule les terres saboliennes pour la première fois. « Mon mari était électrotechnicien et avait un chantier pour l’usine Bel. » Clin d’œil du destin, « mon fils Guillaume est né à Sablé alors qu’à ce moment-là on habitait dans la Marne ». Le chantier dure dans le temps.
En 1981, on a choisi de s’installer à Sablé.
Le couple habite d’abord dans un appartement à la Rocade. Puis, en 1986, il cherche et trouve une maison dans le bourg de Louailles.
« J’avais un nom infernal et on venait d’arriver »
Martine, passionnée d’informatique, propose bénévolement de l’animation pour les élèves de maternelle et de primaire. « C’était sur un T07-70 », se rappelle-t-elle en souriant. Elle entre au bureau de l’Etoile Gym à Sablé.
En 1989, une liste d’opposition au maire en place se constitue à Louailles. Martine Crnkovic s’étonne encore aujourd’hui d’avoir été sollicitée. « J’avais un nom infernal et on venait d’arriver. » Elle accepte. La liste est élue en très grande partie et ses membres en sont les premiers étonnés.
Personne n’avait pensé à qui pourrait être maire. Ils se sont tournés vers moi.
A 33 ans, Martine Crnkovic devient la plus jeune maire de la Sarthe. Ce qui lui vaut de devenir « marraine d’une locomotive à vapeur à Tuffé Val de Chéronne ».
L’intercommunalité ? « On avait tout à y gagner »
« Je n’y connaissais rien », se rappelle-t-elle. Et sa secrétaire de l’époque ne l’aide pas. « C’était une vieille dame de 80 ans qui refusait de partir en retraite. » Elle partageait son temps entre Louailles et Dureil. « C’est Chantal Albabli (ndlr-alors maire de Durteil) qui l’a convaincue de partir ».
Martine Crnkovic recrute celle qui l’accompagne encore au secrétariat de la mairie, Florence Guinoiseau.
Professionnellement, elle devient animatrice dans différentes écoles de Sablé.
Tout juste élue, elle reçoit « un appel de François Fillon (ndlr-alors maire de Sablé) ». La commune ne faisait alors pas partie du district. Martine Crnkovic était déjà convaincue.
Il était évident qu’il fallait que l’on travaille ensemble. On avait tout à y gagner.
En charge de la voirie et des travaux à la CDC
Curieuse, volontaire, l’élue apprend vite, notamment grâce aux conseils du Directeur Général des Services de Sablé, Thierry Berté. Elle a d’abord en charge le tourisme à la Communauté de communes de Sablé, François Fillon lui propose ensuite… la voirie et les travaux. Elle sourit. « Il me connaissait bien. » Un poste dont elle garde un souvenir ému.
« Je venais du froid, j’ai amené la première saleuse à la voirie. » Et les agents ne l’oublieront pas à l’heure de son départ. « Ils m’ont offert une saleuse miniature qui est toujours dans mon bureau. » Elle apprécie le contact franc avec les agents et se fait vite une place.
C’étaient de belles années. C’étaient des gars rudes, mais je n’ai jamais été aussi bien qu’avec eux.
Elle pilote les grands travaux du moment : les ateliers du Boulay, le centre aquatique.
« Je les aime bien mes pompiers »
Aujourd’hui au Pays sabolien, l’élue est vice-présidente en charge de l’administration générale, des finances et des ressources humaines. « C’est bien, car c’est une fonction transversale. »
D’autres mandats viennent s’ajouter au fil des ans : vice-présidente du centre de gestion, présidente du syndicat mixte de Ouest-Park et assez vite au Département.
« François Fillon m’a demandé d’être la suppléante de Pierre Touchard. Ça me gênait un peu parce que c’était un poste plus politique, mais j’aimais bien Pierre donc j’ai dit oui. »
En 2015, elle forme un binôme avec Daniel Chevalier et devient conseillère départementale. Elle se voit confier des domaines qui la passionnent : le numérique et la vice-présidence du SDIS.
« C’est une fonction que j’adore. Je les aime bien mes pompiers », lance-t-elle.
Sans étiquette
Si elle fait partie de la majorité départementale pour son mandat départemental, l’élue refuse toute étiquette politique.
Je me sens plutôt au centre. J’ai eu des idées de gauche, mais aujourd’hui je ne m’y retrouve pas. Je ne veux pas adhérer à un parti, je veux rester libre penseuse.
Misogynie ? « Des comportements qui reviennent »
Dans ses différents mandats, l’élue a dû faire ses preuves. Plus que ses collègues masculins. « Il y avait un peu de misogynie au début. Il faut prouver ses compétences. Ça a passé. » Et l’élue l’affirme. Ces comportements reviennent aujourd’hui. « Certains hommes pensent qu’on est là à cause de la parité parce qu’il fallait une femme. » Elle le remarque, mais refuse de s’y arrêter.
Après 35 ans à la tête de son village, Martine Crknovic pense à céder son écharpe à l’issue de son 6e mandat, dans deux ans. « Dans une petite commune, on fait tout. Là, c’est beaucoup, j’envisage de m’arrêter. » Sa décision n’est pas encore figée. Elle pense toutefois briguer un nouveau mandat de conseillère départementale.
« Je dis merci la vie pour tout ça »
Le temps d’un instant, l’élue regarde le chemin parcouru.
Je dis merci la vie pour tout ça ! Dans mon village, mes parents étaient commerçants. Je traversais la rue, je connaissais tout le monde et j’adorais ça. J’aime les gens et j’aime bien qu’on m’aime bien.
Martine a su recréer cette atmosphère à Louailles, en mettant en place les arbres de naissance, les journées bénévolat.
« J’aime que les gens se connaissent. On a besoin les uns des autres. Je suis fière d’avoir insufflé, avec mes équipes, cet état d’esprit à Louailles. »
Elle a fait grandir le village en nombre d’habitants, mais « pas à tout prix, pour garder ce bien-être dans la commune ».
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