Votre avis compte : doit-on chasser le blaireau 4 mois de plus sur l’année ? Soit 9 mois sur 12…

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, Votre avis compte : doit-on chasser le blaireau 4 mois de plus sur l’année ? Soit 9 mois sur 12…

Les chasseurs ont leur voix, vous avez la vôtre, jusqu’au 27 février seulement. Au-delà, le sort des blaireaux sera scellé, décidé par la fédération de chasseurs. De quoi est-il question ? Info-chalon.com vous donne des éléments recueillis auprès de spécialistes du blaireau.

Pour ? Contre ? De quoi parle-t-on exactement ? Qu’est-ce qu’on lui veut, à ce petit mustélidé au curieux masque noir et blanc, qui vit essentiellement la nuit ?

Info-Chalon a essayé d’y voir un peu plus clair en décortiquant les textes de loi et les intérêts contradictoires. Au vu des informations sourcées qu’Info-Chalon vous dévoile, faites-vous votre idée et soyez partie prenante.

Que réclame la fédération des chasseurs de Saône-et-Loire* ?

Dans une langue administrative, on apprend que la FDC71 (fédération départementale des chasseurs de la Saône-et-Loire) a demandé au directeur départemental des territoires (DDT) de « proposer une ouverture complémentaire de vénerie sous terre du blaireau à partir du 15 mai 2024 ».

Traduction en clair et en chiffres : dans notre département, la période de chasse s’étend sur 6 mois, du 17 septembre 2023 au 29 février 2024. En ce qui concerne le blaireau, la clôture de sa chasse (la  vénerie sous terre, on vous explique cette pratique à la fin), intervient le 15 janvier. C’est la loi, plus précisément le code de l’environnement, qui décide de cette fermeture anticipée pour protéger la progéniture des espèces et éviter leur disparition (1). En effet, les blaireautins naissent entre février à mars en général.
La fédération des chasseurs demande de pouvoir chasser le blaireau 4 mois de plus (période complémentaire), du 15 mai jusqu’au 14 septembre. Donc un total de 9 mois sur 12 pour pratiquer la « vénerie sous terre ».

Détail important : selon les statistiques, on constate que le nombre de blaireaux tués (« prélevés » dit la Fédération) se concentre sur cette période complémentaire. Or, les petits ne sont pas tous sevrés ni autonomes. C’est là que s’élèvent des voix de protestation.

*  L’ensemble des chasseurs n’est pas concerné par la chasse aux blaireaux. Elle est menée par des équipages de vénerie sous terre. Notre département en compte un nombre supérieur à la moyenne.

Que faut-il savoir sur l’espèce ? Est-il nuisible ou utile ? 

  • Non, il ne figure sur aucune des trois listes d’espèces d’animaux classées « susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD) (3), mais sa chasse n’est pas interdite.
  • Il n’existe pas de recensement fiable et indépendant de la population des blaireaux en Saône-et-Loire. « Les articles scientifiques mentionnent que les jeunes blaireaux ne sont pas tous sevrés à la date prévue de prolongation, rendant l’arrêté illégal au regard de l’article L. 424-10 du code de l’environnement (1) qui protège les portées ». Ainsi, 72 blaireautins ont été tués en 2023, soit 30 % de l’ensemble des individus « prélevés », ce qui pose une vraie interrogation sur cette méthode qui n’est absolument pas sélective dans les faits.
  • Le blaireau, en privé. Info-Chalon a questionné Virginie Boyaval, éthologue spécialiste de cette espèce (3):
    « Le blaireau est une espèce très sociable : il vit en groupes inter familiaux. Donc l’apprentissage des codes comportementaux (émancipation) est essentiel à sa survie. Le blaireautin est indépendant à partir de 6 mois. Avant cet âge, il est incapable de se débrouiller seul. Tuer la mère d’un blaireautin, c’est donc le condamner à court terme.
    Cette espèce a une dynamique de population très lente : faible natalité (30 % seulement des femelles ont une portée de 2 à 3 petits) et fort taux de mortalité juvénile (50 % des blaireautins n’atteignent pas 1 an).
    Enfin, ils sont très sensibles à la perte de leur habitat naturel et aux dérangements. »

Que font les autres pays en Europe ?

  • Utilité du blaireau : « Dans un écosystème, il est d’un apport très important, explique Virginie Boyaval. Sur le plan alimentaire, c’est un opportuniste : il mange les vers de terre, les hannetons – qui sont la cause de dégâts très importants dans les forêts, et leurs larves qui s’attaquent aux racines des arbres. À l’instar du renard et autre mustélidé, il participe à la régulation des rongeurs contribuant ainsi à la limitation de la maladie de Lyme. Son rôle est par conséquent très utile à l’équilibre. »
  • Espèce protégée au titre de la convention de Berne. La grande majorité des pays européens, sauf la France ou l’Allemagne, a interdit la persécution des blaireaux où ils sont protégés : l’Angleterre, l’Irlande, la Belgique, les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Grèce…

Ce constat devrait nous interroger. Soulignons que la France est le seul pays européen à autoriser la pratique du déterrage ou “vénerie sous terre” en période d’éducation des jeunes (période complémentaire).

Qu’est-ce que la “vénerie sous terre” ?

Ce n’est pas l’objet de la consultation publique, aussi votre avis sur cette pratique ne sera pas reçu. Mais il est utile de comprendre les mots.

« La vénerie sous terre [ou déterrage] est une pratique qui consiste à poursuivre, par des chiens introduits dans les terriers, les blaireaux qui subissent alors des heures de terreur extrême tandis que les chasseurs creusent jusqu’à les atteindre, avant de les extirper à l’aide d’une pince de métal puis de les achever au fusil ou au couteau » (LPO).

En d’autres termes, les blaireaux adultes et leurs petits non encore émancipés sont acculés dans leur terrier, sans aucune chance de s’échapper : peut-on encore l’appeler “chasse” ? 

Sur Internet, vous trouverez des vidéos de cette pratique. Âmes sensibles s’abstenir.

Si on ne donne pas son avis…

Alors bien sûr, les voix des chasseurs l’emporteront forcément.

Dans notre département, cette consultation publique s’enclenche un mois plus tôt qu’à l’accoutumée. Peu de gens savent qu’elle est publique, très peu de gens votent.

Sujet sensible en Saône-et-Loire…

  • En 2022 : « Une action en justice rendue en mars 2022 a sanctionné et annulé cette prolongation », rappelait Mickaël Paul (LPO71).
  • En 2023, l’exercice de la vénerie sous terre du blaireau en Saône-et-Loire a été autorisé.

Donnez votre avis à la consultation publique* jusqu’au 27 février 2024 inclus : lien participation publique

Comment voter : cliquez sur le lien ci-dessus > S’identifier avec France connect* > laissez-vous guider.

*La création d’un compte avec FranceConnect (l’État) est nécessaire pour sécuriser la connexion. Pas de risque de piratage, ne vous laissez pas décourager.

Par Nathalie DUNAND
[email protected]

Notes :
(1) Article L. 424-10 du Code de l’environnement « Il est interdit de détruire, d’enlever, de vendre, d’acheter et de transporter les portées ou petits de tous mammifères dont la chasse est autorisée, sous réserve des dispositions relatives aux animaux susceptibles d’occasionner des dégâts. »

(2) Code de l’environnement, article R427-6 : ici.

(3) BOYAVAL Virginie a créé l’association Meles, centre de soins pour les mammifères sauvages et notamment les blaireautins orphelins.

Pour aller plus loin :
Lire article La chasse n’a plus le soutien de la société_france3-regions

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