La perspective de développer l’agrivoltaïsme suscite d’énormes ambitions chez les géants de l’énergie comme les start-up surfant sur la transition écologique. L’agrivoltaïsme, c’est l’idée de profiter des surfaces des champs agricoles pour créer des centrales à panneaux solaires, avec production d’électricité, en aérien, au-dessus de terres cultivées ou utilisées pour l’élevage. La concurrence est féroce pour convaincre les agriculteurs de tenter l’expérience. En Moselle, la société TSE, créée en 2016 à Nice, spécialisée dans la réalisation de parcs solaires, est à l’offensive. « Nous sommes en contact avec une dizaine d’exploitants agricoles dans le département. En majorité, ce sont les agriculteurs qui nous sollicitent. Nous avons conclu trois promesses de bail emphytéotique de 40 ans pour des projets à Fleury, près de Metz ; à Niedervisse, entre Boulay-Moselle et Saint-Avold ; ou à Folkling, près de Forbach », témoigne Florent Marconi, responsable relations territoriales pour TSE dans le Grand Est. Mais ces projets suscitent de la défiance. À Niedervisse ou Folkling, des habitants se mobilisent pour s’opposer à la perspective de voir des centrales solaires croître sous leurs fenêtres. Leur argument majeur : les paysages vont être défigurés.
Exploitations agricoles fragiles : un revenu garanti pour 40 ans
Florent Marconi assure que TSE emploie des paysagistes sur la préservation des panoramas : « Nous pouvons imaginer la plantation de haies afin de favoriser l’intégration paysagère de nos centrales. » Mais ses arguments pour convaincre se concentrent sur deux autres piliers : le bénéfice pour l’agriculture et les retombées pour les communes. « Nos projets sont au service de l’agriculture. Avec le changement climatique, les terres agricoles sont de plus en plus soumises à la sécheresse. Nos panneaux vont apporter de l’ombre qui va rafraîchir les sols. Des études sur notre site pilote à Amance, en Haute-Saône, montrent que nos installations améliorent le rendement des cultures. De plus, nous pouvons venir en soutien d’exploitations financièrement fragiles avec la garantie d’un revenu pour 40 ans », insiste Florent Marconi, qui refuse néanmoins de dévoiler le loyer proposé aux agriculteurs pour occuper leurs terres.
Les plaques solaires, qui pivoteront pour suivre la course du Soleil, pourront être pilotées par l’agriculteur lui-même, grâce à une application sur téléphone portable, pour orienter la couverture du champ selon les besoins. « En cas de pluie par exemple, les panneaux se mettront à la verticale pour favoriser l’irrigation naturelle des champs et éviter le ruissellement des eaux », poursuit le représentant de TSE.
Un investissement de 30 millions d’euros envisagé à Folkling
Florent Marconi énumère les avantages pour les communes concernées : « Elles vont toucher une taxe foncière ainsi que l’impôt forfaitaire des entreprises de réseaux (Ifer). On peut aussi proposer de l’autoconsommation d’électricité avec des tarifs préférentiels pour les collectivités. Grâce à ces rentrées fiscales, la commune pourra financer des projets de bien-être ou d’équipements pour ses habitants », ose le porte-parole de TSE. À Folkling, le maire, sous la pression des opposants, a néanmoins renoncé à intégrer le projet de TSE dans les zones à énergies renouvelables. Cela n’empêche pas l’entreprise de poursuivre ses démarches : des études d’impact environnemental et agricole vont être lancées. La demande de permis de construire sera examinée par le préfet qui arbitrera. La commune ne sera pas sollicitée pour avis. « Cependant, notre intention n’est pas d’imposer nos projets. On ne fera pas une centrale contre la volonté d’une commune », assure Florent Marconi.
À Folkling, TSE envisage un investissement de 30 millions d’euros sur un terrain de 30 hectares. Le projet est avancé, mais l’instruction sera longue : la centrale, si elle se fait, ne pourra pas voir le jour avant trois à quatre ans.
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