Environnement : comment protéger nos forêts en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire

, Environnement : comment protéger nos forêts en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire
, Environnement : comment protéger nos forêts en Côte-d’Or et en Saône-et-Loire

Le dérèglement climatique et la perte de biodiversité posent de nombreuses questions. Comment améliorer la situation ? Peut-on vraiment régler cette situation ? Quels gestes faire au quotidien ? Eléments de réponses avec un professionnels des forêts en Bourgogne.

Le Conseil Départemental de Saône-et-Loire veut plus d’arbres sur ses terres. Pour cela il lance à nouveau cette année son opération « Chèque arbre 71 ». Une aide financière destinée aux communes et aux associations qui veulent en planter. Cette initiative a pour vocation de ramener plus de verdure dans nos communes. Et dans un contexte de dérèglement climatique, cela semble être essentiel selon les scientifiques. On en parle ce vendredi 12 janvier 2024 avec Jean-Noël Cabassy, le président de l’ONGE « Forestiers du monde ». Il est l’invité du 6/9 de France Bleu Bourgogne.

France Bleu Bourgogne –  Quel est votre rôle à Forestier du Monde ? Vous faites quoi ?

Jean-Noël Cabassy – Nous avons très tôt, à la création de « Forestiers du Monde » en 2003, nous avons décidé d’accompagner la société civile dans l’acquisition de connaissances pour qu’elle puisse faire les bons choix en matière forestière. Nous sommes orientés vers un public scolaire et nous avons décidé d’accompagner les professeurs dans des projets qu’on appelle « afforestation biodivers ». Le terme afforestation est approprié parce qu’il s’agit vraiment de concevoir une forêt la plus variée possible, la plus résiliente, la plus intéressante. Parce que derrière la plantation d’arbres, il y a la notion évidemment de lutte contre le changement climatique, mais il y a aussi et surtout la notion de biodiversité. Ne pas oublier que le changement climatique, si on arrive à régler le problème, et c’est à la portée de l’espèce humaine, la biodiversité, par contre, c’est un vrai enjeu. Parce que les espèces, quand elles auront disparu, ce sera éternellement pour la planète.

Donc surtout pas planter de forêts avec une seule essence ?

Ça effectivement, ça n’a aucun avenir, ça on le sait. Même les forestiers qui avaient jadis planter des forêts en monoculture, aujourd’hui s’en mordre les doigts. Aujourd’hui, effectivement, il faut planter des forêts les plus variées possibles. Nous, c’est ce que nous faisons à « Forestiers du Monde » où nous inculquons ces notions là aux enseignants et aux professeurs des écoles qui doivent traiter les items officiels de l’Education nationale en matière de développement durable et d’éducation à l’environnement. C’est l’occasion pour eux d’aller sur le terrain et de faire concrètement la création d’une nouvelle forêt. Nous installons 40 à 45 espèces différentes dans les forêts que nous plantons avec les écoliers sur des terrains évidemment non boisés. C’est pour ça que je n’aime pas le mot de « reforestation », parce qu’en réalité, c’est bien des terrains non boisés, on crée vraiment des forêts. Et le but effectivement, c’est bien de créer et de d’apprendre à cette génération à reconquérir. Vous savez qu’il existe des ONGE qui luttent contre la déforestation et c’est très bien, il faut continuer, mais ça ne suffit pas. Il faudra non seulement stopper la déforestation, il y a déjà des ONGE qui s’y engagent. Et nous, on prend l’autre volet, c’est-à-dire qu’on apprend à la nouvelle génération à reconquérir.

Une ONGE, une organisation non-gouvernementale environnementale, ça vous donne un poids supplémentaire ?

Non, c’est simplement que l’idée de « Forestiers du monde, qui est de prendre un temps scolaire aux écoliers à bâtir des forêts, s’est répandue à travers d’autres pays francophones. Nous avons aujourd’hui des représentations au Sénégal, au Togo qui sont actives. Rassurez-vous, je ne vais jamais au Togo et je n’ai pas du tout l’intention d’y aller, ne serait-ce que pour un bilan carbone qui serait catastrophique. Par contre, ce qu’on souhaite, et ce qui se passe, c’est que ce soient les citoyens togolais, les écoliers togolais, les lycéens togolais, qui fassent la même chose. Alors évidemment, pas avec les mêmes essences, pas avec le même contexte. Mais si tous les écoliers du monde, avec leurs professeurs, s’engagent dans ces démarches, la déforestation en 50 ans peut être stoppée puisqu’on aura effectivement formé une nouvelle génération qui aura une nouvelle connaissance de la forêt et qui aura donc un nouveau rapport à l’arbre et évidemment à la transformation de la forêt ou de l’utilisation du bois.

Mais vous sentez que dans les esprits, ça change ? Chez les élus, chez les professeurs, qui vous sollicitent ?

Alors oui, ça change effectivement parce qu’on est de plus en plus sollicités. C’est ça une très bonne nouvelle. La difficulté pour nous, c’est que nous sommes bénévoles. Il faut faire face à la demande. Mais il faut quand même être attentif parce qu’il y a beaucoup d’opérations de communication. L’objectif, ce n’est pas juste de planter des arbres, c’est qu’il faut être très vigilant dans le choix des essences et dans la façon dont on installe ces essences.

C’est déterminant ce que vous dites parce qu’il faut une vision. On ne replante pas ou on ne plante pas n’importe comment…

Alors il ne faut pas planter n’importe comment, et puis l’idée de dire effectivement, « plantons un arbre, ça va améliorer les choses », oui, d’accord, mais il faut effectivement sélectionner les essences qui soient les plus adaptées possibles, sélectionner des plants en godets le plus possible, parce que l’ensemble du chevelu racinaire qui permet à l’arbre d’aller chercher l’eau et les sels minéraux dans le sol est intégralement protégé. Donc c’est une graine qui a germé, donc toutes les racines sont là, contrairement à une transplantation d’arbres. Je voyais tout à l’heure, à l’image de la plantation d’arbres avec des arbres racines nues dont le chevelu n’est plus présent. Le taux de reprise est beaucoup plus faible, donc ça coûte plus cher à l’achat et au final, le taux de reprise est plus faible.

Bien choisir les essences et comment on plante…

Comment on plante ces essences et surtout si on veut favoriser la biodiversité, ce sur quoi il faut être vigilant, c’est qu’effectivement il ne suffit pas d’un alignement. Il va falloir effectivement à la fois des arbres, des arbustes, conserver la strate herbacée de façon à ce que l’ensemble des espèces animales, puisque le but c’est préserver la biodiversité animale, trouve ce dont elle a besoin.

Le département de la Saône-et-Loire, qui subventionne la plantation de 600 000 arbres d’ici 2030, le département de la Côte-d’Or, qui rachète une forêt de 150 hectares, près de Laignes. Tout ça, ce sont des bonnes choses ?

Cela va dans le bon sens. Si effectivement derrière ces opérateurs sont accompagnés, et s’ils ont à côté d’eux des professionnels ou des personnes qui sont aguerries qui ont suffisamment de connaissances en écologie. Planter une haie si elle est alignée et qu’elle fait 30 cm de large et que c’est 500 mètres de long, ça ne suffira pas. D’abord parce qu’il faut planter des plants godets très jeunes, ensuite, s’assurer qu’ils vont bien reprendre. Et puis derrière, planter des arbres, ça ne suffit pas, il nous faut des arbustes aussi, donc il faut une véritable haie. C’est quand même un espace qui fait peut être trois, quatre, cinq mètres de large dans lequel on a peut-être un arbre au centre et on a des arbustes en périphérie, et on a également une strate herbacée.

On a beaucoup parlé des inondations ces dernières semaines, alors pas forcément chez nous en Bourgogne, mais dans le Pas-de-Calais notamment, et des problèmes liés à la présence ou à la non-présence d’arbres…

Oui, ce qu’il faut savoir, on le tient de biologistes du sol comme Claude Bourguignon qui est installé à Marey-sur-Tille avec son laboratoire de microbiologie du sol. Il nous l’a démontré. La porosité d’un sol agricole, c’est deux millimètres à l’heure. Un sol forestier, c’est 100 millimètres à l’heure. Donc, une fois qu’on a dit ça, on a tout compris. Plus il y a d’arbres, plus il y a de haies, moins il y a potentiellement d’inondations, plus on maintient les sols et plus l’arbre et les racines conduisent l’eau vers les nappes phréatiques. Les agriculteurs ont tout intérêt à considérer l’arbre comme un allié. Ce n’est pas du tout un inconvénient. Évidemment, vu qu’on industrialisait à fond la production agricole, il faut laisser passer les machines, mais en réfléchissant bien, même des viticulteurs arrivent aujourd’hui à réintroduire l’arbre dans les vignes. Ce défi, on doit le relever tous ensemble. C’est pour ça que nous, on accompagne aussi des viticulteurs qui font de la foresterie ou de la viti-foresterie, y compris même d’ailleurs en Côte-d’Or, sur Marsannay-la-Côte. Il faut leur montrer et leur démontrer que l’arbre est un allié pour eux et ce sera évidemment un allié. Je rappelle que les forestiers, on leur a confié la mission de restauration des terrains en montagne au siècle passé, parce qu’on avait des inondations, des crues torrentielles dans les villages à côté des montagnes qu’on avait déboisé.

En un mot, comment vous voyez vous, ces 361 sapins déjà qu’on a mis en place de la Libération à Dijon pour Noël, qui sont aujourd’hui réinstallés à Morey-Saint-Denis et à Chambolle-Musigny pour la Saint-Vincent, qu’est ce que ça vous inspire ?

La culture du sapin de Noël est une culture agricole, donc ça ne pose pas fondamentalement problème. Ce ne sont pas des épicéas qui ont été prélevés en forêt, ce sont des épicéas ont été cultivés pour le sapin de Noël. Tant mieux s’ils sont réutilisés dans le cadre de Saint-Vincent tournante.

loading

L’article original a été reconstitué du mieux possible. Pour émettre des remarques sur ce post concernant le sujet « Terres-de-Saone » veuillez utiliser les contacts affichés sur notre site. Le site cc-terresdesaone.fr est fait pour créer différents articles autour du thème Terres-de-Saone développées sur la toile. cc-terresdesaone.fr vous a reproduit cet article qui débat du sujet « Terres-de-Saone ». Il est prévu divers développements autour du sujet « Terres-de-Saone » dans peu de temps, on vous incite à visiter notre site plusieurs fois.